Généralités à propos du raisonnement

Raisonnement en général

Le raisonnement est un processus cognitif qui permet d'obtenir de nouveaux résultats ou de vérifier un fait en faisant appel à différentes “lois” ou expériences en élaborant des chaînes « d’inférences. Les domaines d’application sont multiples : mathématique, système judiciaire, physique et chimique (méthode expérimentale), pédagogie, la vie de tous les jours, etc. Selon Richard (1990), on peut classer les activités de raisonnements à partir de deux critères. Le premier critère est leur finalité ; le raisonnement peut être orienté vers la compréhension de phénomène ou alors l’élaboration de décisions d’action. Le deuxième critère est la direction, c’est-à-dire que les inférences produites peuvent être plus générales que les informations initiales (généralisation) ou alors plus spécifique (particularisation). Ce critère recouvre les grandes catégories d’induction ou de déduction. Il s’agirait également distinguer les cas où il y a production de propositions et ceux où l’activité se borne à une vérification (c’est-à-dire que la production ne concerne qu’une valeur de vérité). Toutefois, un raisonnement global peut être constitué de plusieurs types d’activités menées de front : production d’hypothèses spéculatives, suivi de d’évaluations heuristiques entrecoupées d’arguments formels, etc. Un jugement statistique, ou test d’hypothèse, possède une finalité générale tournée vers la généralisation mais procède par la production d’indices particuliers.

Raisonnement et argumentation

Le raisonnement est un concept multiforme. Il intervient (constitue) dans de nombreuses procédures : démonstration, argumentation, etc. Dans le cas de l’analyse de donnée, la démarche se rapproche plus de la démonstration en tant qu’activité en partie codifiée que de l’argumentation dont le champs est plus large.

Argumentation et démonstration s’appliquent tendanciellement à des sphères différentes. La démonstration intervient dans le discours scientifique quand il s’agit d’établir non pas une seule donnée empirique, qui est telle mais pourrait être différente (le fait que la maison appartienne à x plutôt que y; le fait que Martine soit mariée ou pas; le fait qu’un peuple fasse la guerre à un autre ou soit tranquillement en paix; le fait qu’un juge condamne ou absolve…), mais quand il s’agit d’établir la structure de la réalité (l’accélération constante des poids en chute libre, les rapports entre les angles d’un triangle et les côtés opposés, la vitesse de la lumière, la vitesse du son…). L’argumentation est la raison appliquée à la vie, dans sa dimension pragmatique: elle ne concerne pas tant le savoir mais plutôt l’agir. Et l’action n’opère pas dans la sphère des principes généraux et des structures stables de la réalité, mais dans le champ de ce qui peut être changé, créé, ou détruit par l’intervention humaine. Je ne peux pas changer les horaires du soleil, mais je peux produire de la lumière artificielle; je ne peux pas changer les saisons, mais je peux produire du chaud et du froid; je peux construire des maisons, réaliser des systèmes informatifs, léser ou aider mon prochain, favoriser ou nuire à l’équilibre naturel, favoriser un consensus sain ou pervers, résoudre un conflit ou le provoquer… (http://www.argumentum.ch/)

Par ailleurs, le didacticien Duval (Duval, 1991) montre que le raisonnement déductif ne fonctionne pas comme une argumentation, bien que ces deux formes de raisonnement emploient souvent les mêmes connecteurs et se traduisent par des démarches linguistiques très voisines. C'est une des raisons pour lesquelles la plupart des élèves ne parviennent pas, selon lui, à percevoir les exigences propres d'une démonstration en mathématique. L’article cité présente une analyse cognitive de l'organisation déductive du raisonnement par opposition à son organisation argumentative. La distinction entre contenu et statut opératoire des propositions y apparaît fondamentale. Pour illustrer cette analyse, il présente des textes de démonstration rédigés par des élèves de quatrième, sur des problèmes de géométrie, au cours d'une expérience d'enseignement organisée pour faire mettre en oeuvre cette distinction. L'analyse de ces textes et l'interprétation de l'évolution observée au cours de cette expérience conduisent à prendre en compte une seconde distinction: celle entre la valeur de vérité et la valeur épistémique des propositions. Car la découverte du fonctionnement du raisonnement déductif s'accompagne, pour les élèves, d'une prise de conscience: il change la valeur épistémique de la proposition démontrée.

 
intro.txt · Dernière modification: 2019/08/28 15:22 (édition externe)
 
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