Emilie Boffard

Le article de Dinet et Passerault (2003), présente une étude qui vise à analyser les capacités des élèves de CM2 à chercher sur ordinateur des références documentaires pertinentes par rapport à un thème proposé, grâce à des logiciels spécifiques, du type BCDI ¹⁾.

Aujourd'hui, la documentation mise à la disposition des élèves n'est plus composée uniquement de livres ou d'articles de périodiques, elle est constituée aussi de logiciels, de cédéroms documentaires ou même de sites web. Ces nouveaux documents peuvent être accédés spécifiquement (recherche thématique par ” moteurs ”, navigation par ” liens hypertextes ”), mais il faut préparer les élèves à les utiliser. Les logiciels utilisés pour la gestion de la Bibliothèque et des Centres de Documentation sont des outils puissants de recherche et de gestion de la documentation locale, ils regroupent toutes les fonctions que l'on attend d'un logiciel de bibliothéconomie et de recherche documentaire, dont un environnement d'apprentissage de la recherche documentaire alliant des fonctions de gestion (prêts, réservations, édition de statistiques, gestion des achats). Il prend ainsi en compte les bouleversements du paysage documentaire des écoles et facilite l'accès aux nouvelles ressources documentaires des écoles : cédéroms, films mais aussi logiciels et sites Internet. Avec des écrans étudiés, il contribue à former les élèves à l'utilisation de moteurs de recherche en ligne ou sur cédérom et à l'exploitation des ressources documentaires distantes, ainsi certaines capacités sont développées (site internet du CRDP). Ces outils sont d’ailleurs reconnus d’intérêt pédagogique par le Ministère de l’Education Nationale.

Ces capacités de recherche de documents, lorsqu’elles sont acquises, consistent à pouvoir comprendre de quoi parle la référence consultée et de pouvoir comparer sa pertinence avec le thème défini. Mais que se passe-t-il si l’enfant est confronté à une liste de références qu’il doit consulter, certaines étant pertinentes, d’autres pas ?

Hypothèse théorique : Selon certains courants théoriques de la psychologie cognitive (Van Den Broek et al, 1996, cité par Dinet et Passerault, 2003), le thème de la recherche doit être périodiquement répété afin de ne pas désactiver, du fait de l’utilisation de l’ordinateur, les concepts pertinents en mémoire. Il est donc considéré comme nécessaire, au cours de la tâche, de réactiver les concepts pour engendrer de meilleures performances. Sinon, il y a un risque d’erreurs de sélection et d’allongement du temps nécessaire à la sélection d’une référence.

Hypothèses expérimentales : Pour mettre à l'épreuve et préciser cette hypothèse de désactivation des concepts, les auteurs proposent deux expériences :

1. La première consiste à « vérifier » cette hypothèse théorique et de montrer qu’il existe des facteurs qui entrent en jeu dans la désactivation des concepts lors de la tâche et de voir également quels sont leurs effets sur la recherche documentaire
2. La deuxième expérience est complémentaire, et elle consiste à confirmer l’hypothèse théorique en prenant en compte la variable de réactivation des concepts lors de la tâche et de voir son effet sur le temps de sélection des références documentaires

Les expériences et les outils utilisés

Les expérimentations contrôlées sont le plus souvent menées comme suit : - Isoler les variables qui veulent être étudiées - Soumettre les sujets aux différentes conditions de passation - Observer et mesurer les résultats - Déterminer si les variables sont statistiquement différents avec des outils statistiques

Je vais donc regarder plus précisément la 1ère expérience menée par les auteurs pour analyser la démarche qui se retrouve dans la 2ème expérience. Les auteurs semblent se référer implicitement au protocole de l'hypothèse nulle qui nous servira de guide.

Les résultats de l’étude menée par Dinet et Passerault (2003) montrent que les consignes et le thème de recherche lors d’une recherche de références bibliographique se dégradent le long de la tâche faite avec l’ordinateur, certains facteurs rentrant en jeu dans ce phénomène. Ces résultats sont confirmés par deux expériences, qui mettent également en avant le fait qu’une réactivation des concepts permet de meilleurs résultats dans la sélection des références pertinentes et accélère la sélection. Cette attention particulière apportée aux consignes est une capacité qui s’acquiert au fil de temps. Et l’utilisation de l’ordinateur pour des recherches documentaires est parfois aussi longue à maîtriser.

Les outils utilisés dans cette étude sont des outils issus de la statistique inférentielle paramétrique, et ils ont permis de mettre en évidence des différences significatives dans les résultats obtenus dans les expériences. Ces données permettent aux auteurs de faire des conclusions qui vont dans le sens de l’hypothèse théorique de départ. Cependant, je pense qu’il aurait peut-être été plus clair de faire apparaître les résultats sous formes d’un graphique qui mette bien en évidence les différentes variables manipulées. Cela permettrait peut-être de mieux voir la différence qui voulait être mise en avant par les auteurs entre les deux situations expérimentales. Les auteurs ont aussi tendance à insister sur la signification sans préciser réellement le sens de ces différences observées. La présentation préalable des différentes hypothèses pourrait permettre une meilleure compréhension.

On sait aussi que l’analyse de variance ne permet que des comparaisons globales entre des variables, et que certaines règles doivent être respectées, notamment la taille des échantillons (ce qui ne semble pas être le cas ici, puisque dans la 1ère expérience on a 69 élèves, et seulement 21 dans la 2ème). Il aurait pu être possible d’utiliser des techniques non paramétriques pour le comptage du nombre de références-cibles sélectionnées.

De plus, dans la première expérience, il me semble difficile de comprendre clairement les résultats présentés dans les tableaux. Beaucoup de variables sont manipulées, et cela me semble assez peu clair. Par ailleurs, les variables d’artefact qui semblent être neutralisées sont peu exprimées.

D’une façon plus globale, la dérivation entre les hypothèses expérimentales et les hypothèses théoriques semble peu articulée.

Une telle étude me semble toutefois intéressante à l’heure actuelle, étant donné l’arrivée en masse des nouvelles technologies dans les écoles, mais aussi à la maison. Elle permet de mettre en évidence les aspects positifs des outils informatiques, et de voir quels sont les efforts qui restent à faire du point de vue de l’adaptation de l’école et du monde éducatif de façon générale quant à l’utilisation de tels instruments par les élèves.

Dinet, J. & Passerault, J.-M. (2003). Rechercher des documents avec l’ordinateur à l’école : quand les élèves oublient le thème de la recherche. In C. Desmoulins, P. Marquet & D. Bouhineau (Eds), Actes de la conférence EIAH 2003, Strasbourg, 175-185.

Sources Internet : http://www.crdp.ac-lyon.fr/b/b3/b31/b31.html : consulté le 25 avril 2008